Rencontre avec Georgiana Viou
©Vérane Frédiani
Elles cuisinent de Vérane Frédiani
Hachette Cuisine, ©Vérane Frédiani
Recette extraite du livre, ici
Et Vérane Frédiani…
Georgiana Viou au travail ©Vérane Frédiani
Elle est membre de Gourméditerrannée
Titulaire du Prix Culinaire Taittinger, et du Prix Cordons Bleus 2009
Bonjour Georgiana, bonjour Vérane eau plate ou eau gazeuse ?
Georgiana : Eau plate.
Vérane : Eau plate.
Quel plat mangez-vous bien volontiers en ce moment ?
Georgiana : Des brochettes de rognons de veau.
Vérane : L’hiver à Londres, le soir, je mange des soupes de légumes que mon mari nous fait avec tous les légumes qu’il trouve. On y ajoute du fromage. Beaucoup. Du Stilton ou du mature cheddar. Et en Mars à Londres, c’est encore l’hiver ! Ma fille de 5 ans s’est prise d’amour pour la cuisine thaïlandaise alors on en mange souvent en ce moment. Je suis très fan également.
Avez-vous toujours mangé ce plat ?
Georgiana : C’est par période.
Vérane : Oui.
Quel est votre parcours culinaire ?
Georgiana : 1 concours: le Taittinger des Cordons bleus.
Le CAP en candidate libre au lycée Bonneveine. Quelques stages.
Vérane : J’ai démarré dans la vie à Marseille avec un régime très méditerranéen (les salades de tomates, l’huile d’olive, les panisses…et les fruits mûrs) à grosse tendance italienne (pâtes et pizzas).
Beaucoup de viandes.
J’ai connu la cuisine corse quand j’allais voir les cousines de mon père en Castagniccia et la cuisine provençale, le Dimanche à Marseille ou dans le Var : des farcis, des soupes au pistou, des ratatouilles, des pieds paquets et le lapin aux olives. Le Samedi, on allait à la pizzéria. Mes parents n’aimaient pas et n’aiment pas spécialement cuisiner.
Ma mère nous a emmenés dans des restaurants asiatiques mais mon père avait vraiment du mal à sortir de son régime habituel.
Ma période étudiante, je l’ai passée dans le Nord à Lille et à Birmingham en Angleterre où je me suis nourrie de toasts, de Mars glacés, de pizzas jambon ananas… et de Balti ( indispensables pour bien finir une soirée à Birmingham).
J’ai ensuite été journaliste cinéma et là je n’ai jamais eu le temps de manger. En plus, j’étais devant la caméra alors…manger demandait une certaine discipline…
Puis quand j’ai rencontré mon futur mari, là, ma vie culinaire a vraiment fait un grand bond en avant ! Il adore cuisiner, on s’est régalé dès le départ, notamment en Italie, et c’est toujours le cas 18 ans après.
Il y a 10 ans j’ai aussi eu la chance de produire un film avec Catherine Jacob. Cette femme est une dingue de cuisine et une excellente cuisinière. Grâce à Catherine, j’ai ouvert mon champ des possibles en terme de produits. C’était formidable. J’ai de super souvenirs avec elle.
A-t-il plutôt influencé votre façon de manger, ou ce que vous mangez ? En quoi?
Georgiana : J’ai découvert pas mal de produits lors de mes stages et au-delà de ma façon de manger ou ce que je mange, ces stages ont plutôt enrichi ma façon de cuisiner.
Pouvez-vous nous raconter une première fois culinaire (préparation ou dégustation) ?
Georgiana : Le ramboutan est un fruit que j’ai toujours vu sur les étals mais je n’étais pas très tentée. Il y a 2 ans, je me suis rendue au Cambodge et au petit déjeuner il y avait un assortiment de fruits frais déjà préparés. Je me suis jetée sur ce que je pensais être des litchis (j’adore). A la dégustation je les ai trouvés pas comme d’habitude et quand j’ai voulu savoir ce que c’était on m’a répondu des ramboutans. Depuis j’en achète 😊
Quel est selon vous l’aliment qui incarne le mieux la mobilité de l’humain de nos jours?
Georgiana : Les épices en général.
Quel aliment vous ferait défaut aujourd’hui si vous deviez vous en passer pendant un an ?
Georgiana : L’huile d’olive.
Vérane : Je dois me mettre au régime sans gluten pendant 6 mois pour des raisons de santé. Je n’arrive pas à commencer et à tenir plus de quelques jours. Mais il va falloir que je m’en passe ! Heureusement la cheffe Nadia Sammut est là !
Si on se fiait à vous pour nous recommander un restaurant ?
Georgiana : Où? Je veux dire dans quelle ville? 🙂
Vérane : Il y en a tellement et je vais faire des jaloux et des jalouses. Avec Estérelle Payany, je viens de terminer le guide CHEFFES avec 550 restaurants de femmes chefs dedans !
Dans tous les cas, à Marseille, allez chez Georgiana Viou et faites-lui confiance les yeux fermés. Même chose pour Coline Faulquier qui ouvre son nouveau restaurant, Signature Coline Faulquier, à Marseille d’ici quelques mois. Lisez leurs interviews et leurs recettes dans le livre ELLES CUISINENT, ce sont des femmes franches qui font du bien ! J’aime aussi la boîte à Sardine, Ashourya, Ginkgo, La cantine de Nour d’Égypte … et je ne suis pas encore allée chez Saisons ou Sépia mais ce sont mes prochaines étapes à Marseille.
Si vous deviez nous présenter un produit et en partager la recette avec nous ?
Georgiana : La poutargue. Plusieurs recettes comme les pâtes à la poutargue, le tartare de bœuf et poutargue mais une des plus rapide est la suivante:
Préparez des œufs mimosa. Au dernier moment, râper de la poutargue dessus, poser quelques copeaux et un peu ciboulette ou cerfeuil ciselé(e).
Pour finir, quelques mots sur l’altérité et le « vivre ensemble »
Georgiana : Bientôt 20 ans que j’habite en France dont 14 à Marseille.
Je dirais que je n’ai pas eu de difficultés à m’intégrer à la société française et à Marseille, j’ai tout de suite trouvé mes marques. Cependant, je dois avouer qu’il y a eu des situations ou j’ai bien senti que ma couleur de peau et plus récemment le fait que je sois une femme, pouvait déranger.
Je refuse qu’on me réduise à ma couleur et encore moins à mon genre. Néanmoins, je dirais que c’est un atout et une force pour moi aujourd’hui d’être une femme, béninoise de surcroît.
Les saveurs ont un langage universel et c’est avec celui là que je m’exprime le mieux.
Vérane : La cuisine crée du lien entre les êtres humains, entre les cultures, entre les générations… la cuisine, c’est l’amour de l’autre ou du moins la curiosité pour l’autre et l’envie de le découvrir ou de le surprendre. Quant au « Vivre ensemble », c’est super, justement parce que nous sommes différents. Si on s’entoure uniquement de personnes qui nous ressemblent alors on tourne en rond, on n’avance pas, on finit par se replier sur soi-même et on devient limite dangereux.
Vérane Frédiani, auteure du livre
©Jean-Louis Oddos
Elles cuisinent, chez Hachette Cuisine